samedi 25 janvier 2014

Changement de latitude changement de décor

Après 2 jours de bus, nous sommes arrivés a Salta avec beaucoup de latitude gagnée mais un téléphone perdu. Celui de Clement est resté dans le premier bus pour Santiago. Nous avons pris 3 bus et a chaque fois nous n'avons eu aucun problème pour charger les vélos, il a juste fallu payer un supplément (5000 pesos chiliens par vélo soit 7€).

En arrivant au nord nous avions peur de la pluie, annoncée sur toutes les météos et nous avons été surpris par la chaleur. Nous inaugurons Salta par notre route première crevaison : un bout de verre dans le pneu de Mathilde, rien de très exotique... alala la ville !
Après un petit tour de Salta, une lessive et un petit resto (300g de viande) nous reprenons la route dès le lendemain. Sur les conseils de nos amis argentins, nous faisons une boucle de 6 jours autour de Salta. Ce qui nous permet d'arriver a temps pour accueillir Blandine et Simon le 26, qui nous accompagneront pour traverser les Andes.

6 jours étant un peu juste pour cette boucle on se fait aider d'un petit bus, puis commençons a pédaler a 16h dans la Quebrada de la Conchas. Nous avançons au milieu de montagnes rouges sculptées par les vents et les rivières. Comme un jeu de piste nous avançons de formes en forme a la recherche de "l'obélisque", du "crapaud", des "châteaux", de "l'amphithéâtre"... C'est impressionnant et splendide. On décide donc d'y rester pour la nuit. Au coucher du soleil, on profite donc d'une belle lumière sur ces formations rocheuses. Pour la première fois depuis le début du voyage la nuit fut difficile. Entre les 27° et le vent qui secoue notre tente nous ne trouvons pas le sommeil. 

On se lève tôt pour essayer d'éviter la chaleur. En rangeant notre camp une voiture de police passe devant nous puis fait demi tour et se gare a notre hauteur. Nous ne savons pas trop s'il est autorisé de dormir dans la quebrada, nous les accueillons avec un grand sourire voulant dire "on est gentil ne nous mettez pas d'amende s'il vous plaît". A notre grande surprise, ils font partis de la police touristique, ils veulent juste nous prendre en photo pour mettre dans leur brochure.

On pedale jusqu'à Cafayate, ville réputée pour son vin, a 10h du matin nous préférons prendre un petit jus frais. Sur la terrasse du café on connait un moment de gloire, tous les passants nous interrogent sur notre projet et nous prennent en photo. Un belge, qui a un hôtel 20km plus loin a San Carlos, nous invite nous invite a y venir boire une bière. Avec la chaleur on s'aperçoit qu'il n'est pas possible de pédaler avant 16h. Nous faisons donc notre pause en discutant avec lui. On repart sur du mauvais ripio, sableux, ondulé, bref que du bonheur. En même temps il fallait s'y attendre car c'est la route du Dakar. On croise plein de petits hameaux très mignons (2 familles) où il y a toujours une église et des maisons en pisé. On trouve refuge pour la nuit dans l'un d'eux. Une vieille dame nous autorise a planter notre tente entre sa maison et la route en nous disant que pour le Dakar tout le monde était installé ici, c'est comme l'hospedaje du village ici. En voulant cuisiner malheur le réchaud ne fonctionne plus. Après avoir nettoyer l'intégralité du brûleur, de l'injecteur et de la tige de réglage il ne fonctionne toujours pas. Heureusement, notre hôte nous pretera sa cuisinière.

Le lendemain matin elle fera cuire du pain juste pour nous. Nous décidons de partir tôt mais pas encore assez : la première heure est supportable mais a partir de 10h la chaleur est intenable. Sous cette canicule, on carbure au coca frais, puis rapidement chaud. Nous pedalons dans des paysages lunaires (voire martiens). Les roches sont rouges, jaunes, vertes. Il n'y a pas de doutes c'est vraiment un paysage de Dakar. Malgré les bruitages de Clement nous n'irons pas aussi vite qu'eux. Il nous faudra 4h pour parcourir les 25km qui nous séparent d'Angastaco. Nous profitons de l'ombre de la place du village pour notre longue pause quotidienne. On essaye a nouveau de réparer le réchaud. Nous nous apercevons finalement que c'est l'essence que nous avons acheté a Salta qui pose problème. Heureusement il nous reste un peu d'essence chilienne. Vers 16h, une fois que la température a légèrement diminuée nous reprenons la route. Dans les parties les plus vertes, nous sommes accompagnés par des perroquets verts. C'est génial. Après hésitation nous décidons de pousser la route jusqu'à Molinos a 40km, pour profiter de cette température acceptable pour pédaler. La fin est tout de même un peu dure, on n'a jamais pédalé aussi tard. On se réconforte avec une hospedaje et des spécialités locales: sorte de cake de mais cuit dans la feuille du mais. C'est bon mais on préfère les empanadas.

Le lendemain nous n'avons pas le courage de nous lever aux aurores, et décidons donc de nous reposer et partir en fin d'après midi. La piste est superbe, plutôt plate, bien tassée, avec plein de petits virages, un enfer pour les autos mais un régal pour les cyclos ! Nous passons a Seclantas, village très mignon, puis suivons la route des artisans jusqu'à El Colte. Ce lieu est connu car un des artisans a tissé un poncho porté par le pape Jean Paul II . Il n'y que quelques maisons au bord de la route, mais nous sommes encore magnifiquement bien accueillis par une dame, qui nous offre une douche chaude, un lieu pour dormir, et même des glaces pour notre dessert. La nuit n'a pas été des meilleurs car nous avons eu droit a un concert de chiens qui aboyaient après des êtres imaginaires. Évidemment dès que les chiens s'arrêtent, notre réveil sonne...
Cette fois ci nous avons décidé de se lever très tôt pour ne pas avoir trop chaud. Lève 4h, départ 5h30 de nuit. Une longue journée nous attend car nous devons monter un col a 3300m (soit 1000m de dénivelé) sur de la piste en sable. Nous pédalons la première demi heure a la lumière de nos frontales, et clément manque de faire une crise cardiaque quand nous croisons un vieux monsieur  surgissant de nulle part,  a vélo et sans lumière. A cette heure ci nous pensions être tout seul !

Le jour se lève doucement et nous offre ses plus belles lumières. La piste monte doucement mais sûrement au milieu du parc national Los Cardones (qui signifie les cactus). Nous sommes entourés de cactus, de montagnes en terre rouge, on se croirait au Far West. Heureusement pour nous aucun indien n'est venu nous tendre une embuscade. Vers 11h, alors que nous craignions de souffrir de la chaleur, un violent orage nous tombe dessus. De la pluie, de la grêle, du vent, la nature se déchaîne contre nous. Mais que pouvons nous faire ? Aucun abri a l'horizon, aucun village a moins de 40km, nous ne pouvons qu'avancer en espérant qu'il fera meilleur de l'autre côté du col. Au bout de quelques km, nous trouvons refuge sous un camion le temps que la pluie se calme. Nous poursuivons ensuite les 15km qui nous séparent du col, mais alors que nous sommes sur un plateau désertique a 3300m d'altitude, l'orage redouble de violence et le tonnerre gronde autour de nous. A part quelques ânes sauvages qui nous regardent passer incrédules, il n'y a personne d'autre que nous sur ce plateau. Nous craignons la foudre. Par miracle, nous apercevons au loin un arrêt de bus. Quelques minutes après nous être mis a l'abri, nous entendons la foudre tomber pas très loin... Nous reprenons des forces avec une bonne salade de pâtes mais l'orage ne semble pas vouloir passer. Il nous reste 7 petits kilomètres jusqu'au col puis une longue descente en piste, avec très probablement des rivière a traverser. N'ayant pas très envie de se faire foudroyer, nous décidons de faire du stop. Quelques pick up passent, le 5eme sera le bon. Le mieux c'est que le 6eme est un ami a lui et qu'il s'arrêtera également. Nous chargeons les vélos a l'arrière sans même avoir besoin d'enlever les sacoches.  De l'autre côté du col il y a une très grande descente : la cuesta del Obispo. Cette descente serpente dans des montagnes vertes qui contrastent avec les rouges que nous avions vu avant. Comme nous l'avions imaginé, des rivière ont débordé et ont détruit la piste. Des pelleteuses travaillent d'arrache pied pour la rendre "traversable". Nous sommes un peu frustré de louper cette descente de 50km après tout ce que nous avons monté, mais en même temps on se trouve des excuses pour se rassurer : "au moins on est a l'abri parce que la pluie ne s'arrête pas, comme ca on economise nos freins, et puis de toutes manieres il y a trop de virages je pense que j'en aurai eu marre a la fin". Nous nous faisons déposer a El Carril, carrefour avec la route pour rejoindre Salta. Il n'y a pas d'auberge ici et il reste 37km jusqu'à Salta. Motivés par une douche chaude et un endroit sec, on décide de foncer vers Salta. Qu'est ce que c'est bon de rouler sur de l'asphalte plat ! Nous avons l'impression de voler. Mais la pluie dure encore et la route est parfois inondée. Alors que certaines voiture hésite a passer, nous prenons notre élan et traversons plutôt facilement ces piscines. On est en mode "étanche" alors plus rien ne nous arrête. Pour finir cette journée pas comme les autres, nous pédalerons 4km sur l'autoroute en arrivant a Salta. En fait c'est beaucoup moins dangereux que la nationale, car nous avons la bande d'arrêt d'urgence rien que pour nous (et aussi qu'ici c'est tout a fait normal de faire du vélo sur l'autoroute !).
Nous arrivons finalement a notre hôtel a Salta lessivé (dans tous les sens du terme).

Aujourd'hui journée repos-logistique avant d'accueillir Blandine et Simon demain.

Dans la vie, il y a des cactus... et en Argentine aussi !

Pedalage matinal pour les 1000m de denivele

Parc national Los Cordones

La cuesta del Obispo sous la pluie, on a bien fait de faire du stop !




Bivouac de reve dans la quebrada de las Conchas



Etats Unis ou Argentine, en tout cas c'est desertique !


Quebrada de las Conchas - l'amphitheatre
Le crapaud
Les petites eglises rencontrees dans chacun des mini villages
Et oui, on a fait le Dakar
??? non c'est l'obelisque

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