vendredi 7 mars 2014

Faux départ

Après que mathilde se soit remise de sa "Uyunista" (comprendre "tursista d'Uyuni", quasi inévitable pour les cyclistes d'après tous les échos que nous avons eu...), nous sommes donc partis affronter la difficile route des hauts plateaux en direction de Potosi. Mais qui dit plateau ne dit pas "plat", en effet cette route est très vallonnée, et nous avons donc décidé de faire des petites étapes pour que le physique suive et que le moral soit au beau fixe.

Le premier jour nous avons donc commencé tout doux, avec 20km et 500m de dénivelé. Très bien pour se remettre en jambe. Nous avons grimpé le premier col en observant le salar augmenter de taille a l'horizon. A la pause de midi, pendant que nous mangeions tranquillement a l'abri d'une ruine, nous entendons un bruit suspect. Une voiture vient de faire des tonneaux a quelques centaines de mettre de nous. On s'empresse d'aller voir si ce n'est pas trop grave, et a notre arrivée on constate que le conducteur est très alcoolisé... aucun blessé, on continuera notre route en gardant un œil tout particulier aux voitures que nous croiseront... le soir nous ferons étape dans le village minier de Pulacayo, où le guide du village nous permettra de dormir dans son bureau bien au chaud. Ce village, autrefois premier village minier de Bolivie avec 200 000 habitants, est maintenant un peu en ruine et 800 habitants y vivent. Les quelques habitants sont néanmoins très accueillants et nous  donneront même des conseils pour cuisiner une bonne soupe de quinoa, humm !

Nous repartons le lendemain plein de motivation pour affronter les cols de la journée. Mais au bout de 2km de descente, clément s'aperçoit que sa jante arrière est fendue, exactement comme celle de Mathilde a San Pedro De Atacama. Nous n'avons pas le choix, nous ne pouvons plus continuer sous peine de fendre toute la jante et d'abimer le pneu, sans parler du frein qui frotte a présent contre la jante... heureusement le village n'est pas loin et nous remontons prendre un bus qui passera une demie heure plus tard pour nous emmener a Potosí. C'est donc sans trop se fatiguer que nous parcourerons  cette superbe route, passant de cols vertigineux en vallée verdoyante, toujours entourés de superbes montagnes.

L'arrivée a Potosi fut un peu laborieuse. Cette ville est perchée sur d'innombrables collines et les rues sont de vrais murs. Des cyclos passés avant nous disaient avec raison que Potosi est probablement la ville la moins cyclable de Bolivie... nous grimpons donc doucement ces rues a la recherche d'un réparateur de vélo et d'un hôtel. Évidemment, carnaval oblige, nous nous faisons allègrement arroser par les enfants et les plus grands. Autant vous dire que ça ne nous fait que moyennement rire étant donné le vélo cassé et les montées où nous crachons nos poumons... nous trouvons finalement un hôtel un peu glauque, mais pas trop cher où nous nous refugions. 

Les 2 jours suivants, le moral ne sera pas au rendez-vous. Du fait du carnaval tout est fermé, et les rues sont le théâtre de batailles d'eau sans interruption. Il devient donc très périlleux de se promener, il faut rester en permanence sur ses gardes et emprunter les rues les plus désertes... nous ne sommes pas les seuls a souffrir de ce carnaval : nous avons vu d'autres touristes craquer nerveusement, trempés jusqu'au os et frigorifiés. Le carnaval a tout de même de bons côtés : toutes les voitures sont décorées de ballons de toutes les couleurs, et l'atmosphère est a la fête. Nous avons tout de même hâte que ça se termine...
Du côté du vélo, le réparateur n'a que des jantes de moyenne qualité et nous conseille d'aller a Sucre pour en trouver des bonnes. Ça tombe bien, on comptait de toute façon y aller.

Après les 2 jours fériés de carnaval terminés, nous prenons un bus tôt le matin pour Sucre. Étant donné qu'il n'y a pas du de bus pendant 2 jours c'est un peu la cohue et il faut jouer des coudes au milieu des boliviens qui ne respectent pas la queue pour avoir un billet. Pendant le voyage nous évitons de justesse une voiture dans notre sens, puis une autre arrivant en face puis nous faisons une sortie de route. Le chauffeur arrive quand même a revenir sur la chaussée après plusieurs zig-zag et continue comme si de rien était... "Mathilde, on met les ceintures !" "Ah bah non il n'y en a pas..." on était mieux sur nos vélos ! Le chauffeur se calme et non arrivons sains et saufs a Sucre.
Dès notre arrivée nous allons chez le marchant de vélo, qui nous change la jante en 1h sous nos yeux pour 12€...
Nous passerons ensuite 24h dans cette superbe ville où il fait bon vivre. Le carnaval est fini et on peut enfin se balader  tranquillement sans se faire arroser. Les bâtiments sont les témoins de la colonisation espagnole, avec pleins de belles églises, des maisons avec des balcons, des bâtiments avec des cours intérieures, les rues sont propres et pentues, les restaurants sont raffinés... bref Sucre n'est pas la "plus belle ville de Bolivie" pour rien. Nous faisons une petite "cure de France" a l'Alliance française où nous avons l'occasion de voir un film en français, d'acheter des livres en français et de manger dans le restaurant français "la taverne", ça fait du bien !  Nous nous promenons dans le grand marché où les immenses étales de fruits et légumes côtoient les étales de viande, de gâteaux, d'épices, de cosmétiques... nous nous faisons plaisirs avec de grosses salades de fruits, des jus de fraise fraîches... pour couronner le tout nous avons trouvé un super hôtel sympa et pas cher "el rincon verde". Nous repartons de Sucre un peu tristes, on y serait bien resté plus longtemps...
Le trajet du retour jusqu'à Potosi se passe sans encombre, nous mettons juste du temps 4h au lieu de 2-3h. Le chauffeur s'arrête pour prendre ou déposer les gens le long de la route. La Bolivie nous apprend la patience! Dans le bus, nous avons le droit a la petite animation d'un commercial qui vend du laxatif naturel pour se "laver" de l'intérieur. Et ça marche, il vend ses graines de papaye!

A Potosi, on retrouve nos vélos dans l'auberge où on les a laissé. Ouf!
Le lendemain, on part tôt. Après un petit-déjeuner au marché, super sympa, bonne ambiance, (On a d'ailleurs réfléchi a la création d'un stand "petit-déjeuner" sur les marchés français !) On va a l'agence où l'on a réservé pour visiter les mines. On commence par le marché des mineurs où ils viennent les matins acheter leur sac de coca, ils ne mangent pas dans la mine, et donc pas de la journée, ils mastiquent juste la coca. On achète quelques feuilles et du soda pour offrir aux mineurs. Ensuite, après s'être équipés, on va visiter une fonderie. C'est la qu'arrivent les pierres extraites de la mine. Elles sont réduites en terre, puis par de savants mélanges chimiques et bien toxiques(mercure...), les minerais sont extraits. Dans cette mine, on trouve de l'argent, du zinc et du plomb. On poursuit notre visite par la mine. On entre dans la mine équipés comme les mineurs d'un casque et d'une lampe. On suit les rails, il y a plein de boue d'une drôle de couleur due a la présence de métaux lourds (merci les bottes!). Il faut se baisser, avancer quasi a quatre pattes. Les galeries des mines sont generalement basses, mais ici les Boliviens sont petits, alors imaginez ce que ça peut donner!!! On se cogne la tête plusieurs fois. Le plafond est parfois recouvert de stalactites vert fluo: le sulfate de cuivre. Notre guide est très intéressant, il nous explique plein de choses. Aujourd'hui, il reste seulement 2 mines d'État, et peu qui appartiennent a de grandes firmes. La majorité sont des coopératives. Si un mineur veut commencer il va d'abord pendant un an travailler pour l'un des associé d'une mine coopérative. Pendant cette année, il aura des heures fixes et un salaire fixe: 3000 bolivianos/mois (un travailleur en ville gagne 1200, mais a une meilleure espérance de vie, celle du mineur n'est que d'une cinquantaine d'année, la plupart mourant de maladies pulmonaires). La deuxième année, le mineur exploite seul le filon et reverse la moitié a l'associé. La troisième année, il ne reverse plus que 15%. Si tout s'est bien passé et que pendant les 3 années il a travaillé sur le même filon, alors il en devient propriétaire. Il peut ainsi rejoindre la coopérative et si c'est un bon filon employer de nouveaux mineurs. Les mineurs ont aussi des croyances atypiques. Ils font des offrandes au "tio" (sorte de dieu), pour avoir de bons filons. Nous avons traversé toute la montagne, pendant 2-3h. Nous avons vu peu de mineurs, carnaval oblige. Mais on a quand même entendu une explosion. C'est super impressionnant, ça raisonne dans tout notre corps. On a aussi vu passer des mineurs poussant des chariots remplis d'une tonne de minerais. Ça fait bizarre! On avait vu ça au musée de la mine de St Étienne, mais le voir en vrai, on a l'impression d'être a une autre époque. Les mineurs les plus pauvres travaillent comme aux temps des colonies, avec un pic, un marteau et des bâtons de dynamite. Ils transportent les pierres dans des brouettes. Ils n'ont pas les moyens d'acheter du matériel plus perfectionnés, ou de louer les rails.
En tout cas, on a eu une super visite, on ne regrette pas notre choix d'agence: the big deal. On a payé un peu cher mais les guides étaient top, et surtout ce sont des mineurs, c'était sécuritaire (on a du des échos d'autres agences plutôt limites sur la sécurité et le professionnalisme !).
Le midi, on a mange avec une famille canadienne très sympa, qui était a la mine avec nous. Ils font un tour du monde en 6 mois, avec leur 3 fils, la classe!
L'après-midi est consacré aux courses, changement des freins (pour ne pas abimer la jante...), lessive, mise a jour du blog, la logistique habituelle!!

Nous partons demain, direction Oruro, puis La Paz.

l'actualite se voit meme au cimetiere des trains

coucher de soleil sur la mer de sel

velo casse, on prend l'avion !


de quoi tester notre estomac

prefecture de Sucre

El Tio, dieu des mines, quelque peu machiste...

"96 degres, mais potable et au bon gout", on a teste, on approuve a moitie

une mineuse un peu trop grande

un mineur, un vrai...


1 commentaire:

  1. Ca me donne envie d'aller à Sucre!
    Aujourd'hui sortie vélo de route dans la plaine avec Augustin, bien cool, notre derrière a pensé à vous!

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